LA CORSE EN 500 PAGES

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La Balagne

 


   La Balagne commence à l’embouchure de l’Ostriconi pour se terminer après Calvi.Elle fut occupée 6000 ans avant notre ère, puis les romains y établirent une colonie dans la région de Calenzana. Sous la domination pisane, de nombreuses églises furent édifiées, et le territoire commença à s’organiser. Par la suite, un système féodal puissant et structuré se met en place. Selon la légende, les seigneurs de Balagne seraient les descendants de croisés envoyés en Corse par le pape pour lutter contre les Maures. Ils siégeaient dans des châteaux aujourd’hui détruits et étendaient leur influence dans toute la région. L’organisation spatiale et l’architecture de la Balagne sont encore imprégnées de la grandeur de cette époque.

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La Balagne était également une terre de vergers, grâce à ses terres fertiles. Les vergers de la région produisaient des oliviers et des vignes, mais l’exode rural a peu à peu porté un coup fatal à cette production. Depuis quelques décennies, la région connaît grâce au tourisme un renouveau économique.

La Balagne, région verdoyante entièrement tournée vers l’agriculture tout au long de son histoire, a gardé dans l’aménagement de son territoire les traces de son passé. Les villages forment généralement un ensemble très homogène, dominé le plus souvent par leur campanile. Autrefois, quand la Balagne vivait de la production oléicole, on disait ses habitants «Balanini unti e fini» (littéralement «oints et fins»). Oints comme l’huile qu’ils transportaient en permanence avec eux pour la vendre, et fins car ils étaient réputés pour être doués en affaires.

Algajola est le centre de la région balanine. Cette ville, bâtie par les phéniciens, aurait accueilli Saint Paul à son retour d’Espagne. Elle fut à l’époque de l’indépendance une place stratégique face aux génois. C’est aujourd’hui une station balnéaire située à mi-chemin entre Calvi et l’Île Rousse.


On rencontre en Balagne une multitude de petits villages entre mer et plaine, marqués par une forte identité. Ainsi, à Pigna, de nombreuses associations perpétuent la culture corse ancestrale, comme par exemple les traditions artisanales. Elles proposent aussi l’apprentissage de ces techniques, perpétuant ainsi un savoir qui ne devait pas mourir. Certains éléments de la culture traditionnelle ont ainsi pu être sauvés de l’oubli : c’est en Balagne que la cetera, ancien instrument de musique, a été redécouvert.

Le village de Corbara fut à l’époque médiévale la capitale de la Balagne et le fief de la puissante famille Savelli de Guido. On peut encore voir leurs châteaux, et Pasquale Paoli annonça aux génois son intention de fonder l’Île Rousse de la terrasse de l’un d’entre eux.
La haute Balagne est dominée par le village de Calenzana, une des communes françaises les plus étendues. Sa région est basée sur l’économie rurale et ses productions (vin, miel, biscuits etc.) sont renommées dans toute l’île. On peut visiter beaucoup d’églises en Balagne, de style baroque pour la plupart. L’église Saint Blaise de Calenzana, avec ses marbres polychromes, nous montre ainsi ce que fut la richesse du baroque corse. Certaines ont des éléments que l’on dit miraculeux, d’autres sont placées sous la protection de certains saints, comme Restitute, martyrisée dans la région. La nature est riche : les sources de Zilia naissent près de Calenzana et la région compte un certain nombre de grottes naturelles dans lesquelles les bergers venaient abriter leurs troupeaux. On peut découvrir la Balagne à travers les nombreux sentiers mis en place par le Parc Naturel Régional qui traversent la région. Certains reprennent le tracé de chemins qui reliaient autrefois les villages entre eux, permettant de découvrir des paysages cachés, inaccessibles par la route.

Le Giussani est lui aussi traversé par ces nombreux sentiers de pays. C’est une région montagneuse, située entre la haute Balagne et l’Asco. Les sentiers se situent d’ailleurs sur ces deux micro-régions. Sa végétation est composée de châtaigniers, de chênes et de pins laricio et ses roches, sur les hauteurs, offrent une grande diversité. On y trouve de très anciens villages, comme Mausoléo ou encore Olmi-Cappella. La forêt de Tartagine qui recouvre les hauteurs de la région possède quelques 2 900 hectares de pins et ses sentiers rejoignent la proche vallée de l’Asco.

    L’Île Rousse a été fondée par Pasquale Paoli en 1758. Ce hameau de pêcheurs est ainsi devenu une ouverture maritime face au blocus imposé par les génois, et un moyen de concurrencer la proche ville de Calvi. Il se serait même exclamé à cette occasion : «Ho piantato le forche per impiccar Calvi !» (J’ai planté la potence pour y pendre Calvi !). Cependant, il ne reste que peu de vestiges de cette période de l’Histoire. La ville, dont le nom corse Isula Rossa ne signifie pas «île rousse» mais «île rouge», est le lieu où les températures atteignent leur record maximal. En 1880, la construction de son port lui a permis de s’ouvrir au tourisme. Aujourd’hui, l’Île Rousse est une petite ville agréable l’hiver et une station balnéaire très fréquentée en été.

Calvi, troisième ville touristique de Corse, est le principal centre de la Balagne. Cependant, son peuplement est d’origine très ancienne : on a ainsi découvert des traces de peuplement datant des premiers temps de la chrétienté. Cette civilisation disparaîtra avec les invasions du début du Moyen Âge. Au XIIIème siècle, elle sera le théâtre de luttes d’influence entre les seigneurs du Niolu et ceux du Cap. Les habitants de Calvi mettront un terme à cette situation en se plaçant sous protection génoise, ce qui priva les seigneurs Avogari de Nonza d’un point stratégique sur leur territoire. Les génois, en 1278, transformèrent le petit village en cité, conscients de l’intérêt que pouvait représenter un tel lieu. Calvi restera génoise pendant toute l’époque médiévale puisqu’elle résista aux assauts menés par les troupes de Sampiero Corso. De même, lors de la guerre d’indépendance, elle s’opposera à Pasquale Paoli.

Devenue française en 1768, Calvi luttera contre les tentatives d’invasions, dont celle menée par les anglais en 1794. L’amiral Nelson perdra son œil durant le siège de Calvi. Sous le Directoire, la fidélité de la ville fut récompensée par l’inscription de la devise «Civitas Calvi semper fidelis» (La cité de Calvi est toujours fidèle) sur les portes de la citadelle. La basse ville fut créée à la même époque. Durant tout le XIXème siècle, la ville se développe de plus en plus pour devenir un important port de commerce. Aujourd’hui, les millions de touristes qui débarquent chaque année dans son port découvrent une ville dynamique qui débouche sur une région à forte identité culturelle.

La ville de Calvi est surtout connue pour sa citadelle, témoin de sa puissance passée et de son histoire intrinsèquement liée à Gênes. La cathédrale fut construite au XVIème siècle sous Grégoire XIII et comporte de nombreux chef-d’œuvres baroques. Son chœur est fait de marbre, et le triptyque fut exécuté par Barbagelata, célèbre peintre ligure. Le Christ noir est dit miraculeux puisqu’il aurait repoussé l’invasion des turcs en 1555. Les traditions de la semaine sainte sont célébrées en cette cathédrale.

On peut aussi visiter la maison de Christophe Colomb, qui serait né à Calvi en 1451. La ville était alors sous domination génoise. Si il est tout à fait probable que l’aventurier soit originaire de Corse, le débat reste actuellement ouvert, son acte de baptême n’ayant pas encore été retrouvé.

Le Calvais est composé de petits villages dominant la mer. Les reliefs escarpés offrent de beaux points de vue sur la baie.

Le Filosorma, entre la baie de Calvi et le golfe de Porto, est une vallée formée par le Fango. On entre ici dans la partie déserte de la Balagne, qui fut ravagée par les différentes invasions de la période moderne. Galéria est le centre de cette région. Elle servait jusqu’au XVème siècle de lieu de pacage pour les troupeaux et fut annexée au XVème siècle par les génois, alors qu’elle était quasiment tombée à l’abandon. C’est aujourd’hui une petite cité balnéaire et un point de départ pour les randonnées. De Galéria, on peut visiter la nature environnante, restée sauvage. La forêt du Fango est ainsi un site remarquable, protégé, servant de lieu d’étude de la faune et la flore de l’île.