LA CORSE EN 500 PAGES

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Le Cap Corse et le Nebbiu

En quittant Bastia, on arrive dans le Cap Corse, le «doigt de l’île» pointé vers l’horizon, que les romains appelaient «le promontoire sacré». Il est formé d’une chaîne montagneuse longue de 40 kilomètres et relativement étroite avec sa quinzaine de kilomètres de large.
Port de MaccinaghjuLe Cap a toujours été un lieu d’échanges entre la Corse et le reste de la Méditerranée, une terre ouverte, contrairement au reste de l’île. Ce fut aussi un lieu de défense stratégique, comme en témoignent les nombreuses tours génoises que l’on trouve sur ses côtes. Les génois s’y établir, alliés aux seigneurs cap-corsins. Les fiefs se situaient à Nonza, Canari et Brando, et ont perduré jusqu’à la fin de l’époque moderne.
La fin de la domination génoise, au XVIIIème siècle, ainsi que l’épidémie de mildiou qui ravagea la quasi-totalité des vignobles du Cap contribuèrent au déclin de la région, qui tenta une reconversion à travers l’exploitation de l’amiante. En parallèle, certaines familles émigrent afin de tenter leur chance ailleurs. Les Etats-Unis seront une terre d’accueil, mais l’Amérique Latine plus encore sera un nouvel eldorado pour les cap-corsins les plus aventureux. Certains firent fortune et, une fois rentrés sur leur terre natale, firent construire de riches et extravagants palais, surnommés «maisons d’américains».
Hormis l’architecture somptueuse des palazzi, évoquant tour à tour des palais toscans ou des demeures latino-américaines, les maisons du Cap doivent leur spécificité à leurs toitures de teghje (pierres plates) taillées dans le schiste. Un des hameaux de Sisco porte d’ailleurs ce nom.
La route qui entoure le Cap nous emmène ainsi au fil de criques entrecoupées de marines, petits villages de pêcheurs accrochés aux falaises. La nature y est très bien préservée, les plages encore sauvages, et la route parsemée de petites églises très richement ornées, de mausolées rappelant la puissance des familles de la région et de tours dites génoises, gardiennes du lieu.

Le versant est du Cap, en quittant Bastia, nous révèle une succession de marines et de chapelles le long de cette côte peu découpée. Le charme de la marine d’Erbalunga, par exemple, a attiré de nombreux artistes, qui, à l’image de la famille du poète Paul Valéry qui en est originaire, y cherchent l’inspiration. Les marines du Cap, autrefois simples lieux destinés à entreposer les marchandises, sont devenues avec l’essor du tourisme des lieux de vacances et des ports de plaisance. Dans ce village se déroule chaque Vendredi Saint la procession de la Granitula : elle forme une spirale qui s’enroule à travers les hameaux avoisinants, évoquant ainsi le mystère de Pâques.

Le Monte Stello est le point culminant du Cap. Ses 1307 mètres offrent une belle vue d’ensemble sur la péninsule, la Balagne, la Plaine et l’archipel toscan. Plus loin, la ville de Pietracorbara doit sa renommée à ses origines mythiques et son évocation dans les légendes. L’ancienne ville romaine serait ainsi engloutie dans les marais voisins. La suite du Cap se compose de nombreuses marines et hameaux, dont Macinaggio, port de commerce romain, Rogliano, ancien fief de la famille Da Mare et ancienne capitale du Cap, ou encore Centuri, port de pêche le plus important du Cap qui doit sa réputation aux langoustes proposées dans les restaurants des environs. Le Moulin Mattei sépare les deux versants de la péninsule, dans les environs de Barcaggio, le port situé à la pointe du Cap.

Le Moulin MatteiLa côte ouest est quant à elle plus sauvage et plus découpée. Ses reliefs plus élevés offrent de superbes panoramas sur le Cap et la baie de Saint Florent. Nous découvrons ainsi la ville de Morsiglia et ses remparts, Pino et Canari avec leurs églises baroques, ou encore la tour dite de Sénèque à l’est de Pino. La légende veut que le philosophe en exil dans les années 40 avant notre ère y ait séjourné, cependant elle est d’architecture médiévale. La confusion vient du fait que la tour soit située dans un lieu-dit nommé A Seneca.
Nous découvrons plus loin le village de Nonza, qui semble posé sur la montagne. La vue y est exceptionnelle. Sa tour, construite sur les fondations d’une forteresse médiévale, possède une particularité, car elle est paoline et non génoise. Sainte Julie est la protectrice du village, dont l’église retrace le martyre. Cette jeune chrétienne fut martyrisée sous Dioclétien au IVème siècle, et de son sang jaillit la source qui porte son nom, à laquelle on prêtait des vertus miraculeuses.

Patrimonio, enfin, est un village réputé pour ses grands crus, ainsi que pour son festival de guitares qui réunit une foule d’amateurs tous les étés. On y trouve aussi une statue menhir de calcaire aux motifs assez mystérieux.

Le Nebbiu, quand on quitte le Cap Corse, nous révèle le golfe de Saint Florent et ses paysages verts et fertiles, que Pasquale Paoli surnommait A conca d’oro. Les petits villages de la région sont entourés d’oliveraies et ses nombreuses églises côtoient parfois des pierres levées. C’est le cas par exemple du campanile de Pieve. L’édifice le plus intéressant de la région est sans doute l’église romane San Michele de Murato. Construite au XIIème siècle, la bichromie de ses murs et ses ornements originaux font de cette église une curiosité architecturale.

Saint Florent, capitale touristique de la région, est une ancienne cité génoise à vocation commerciale. Cependant, les lieux étaient connus dès l’antiquité romaine. Elle subit au cours de l’histoire les razzias des Aragonais et des Turcs, ce qui conduit à son déclin. La ville fut réhabilitée au XIXème siècle, avec des travaux d’aménagement tels que l’assèchement de ses marais et la mise en place d’un réseau routier. La construction du port dans les années 1970 orienta la ville vers le tourisme et Saint Florent est aujourd’hui une des premières destinations touristiques de Haute Corse. Sa cathédrale Santa Maria Assunta est d’architecture pisane et était le lieu de réunion des évêques du Nebbio.

Le désert des Agriates, entre Nebbiu et Balagne, est le seul désert de Corse. Cependant, il était sous l’occupation génoise une terre très cultivée, considérée comme un grenier à blé. On y cultivait également de la vigne et de l’olivier, et la région était prospère jusqu’au XIXème siècle. Cependant, les conflits successifs laisseront ces terres à l’abandon, et le maquis prendra peu à peu le dessus sur ce qui restait des cultures. Aujourd’hui, les 17 000 hectares abritent une faune et une flore préservée, dont certaines espèces endémiques à la Corse. Quelques sentiers jadis empruntés par les bergers permettent de s’aventurer à travers le désert, mais aussi d’accéder à des sites exceptionnels inaccessibles par la route, comme la fameuse plage du Lodo.

La vallée de l’Ostriconi jouit d’une popularité grandissante auprès de touristes séduits par l’authenticité des lieux et le riche milieu naturel des environs. La vallée est en effet plantée d’oliviers depuis l’occupation génoise.