Le village se compose de trois hameaux aux maisons de granit, et l’ensemble offre une vue sur les aiguilles de Bavella au loin. L’église paroissiale San Giovanni, monument historique, est l’ancienne église piévane. Construite au XIIIème siècle, c’est un bel exemple d’art roman, avec ses ornements extérieurs sculptés et son immense nef. On peut encore voir les ruines du baptistère médiéval. Elle servait de lieu de réunion aux Giovannali, courant religieux qui apparut dans le village aux environs de 1365. Proche des cathares, ils prônaient un retour aux sources des Ecritures, ainsi que des valeurs de pureté, d’égalité et de justice. L’église les condamna comme hérétiques ; la plupart furent arrêtés et brûlés vifs, et de nombreuses rumeurs furent répandues sur leur doctrine. Beaucoup des pratiques occultes qu’on leur a prêtées viennent de l’imagination et la superstition populaire, exacerbées par les sermons des prêtres. On raconte aussi que le clocher de leur église comptait autrefois sept étages, qui auraient été en partie détruits lors des arrestations.
Vers le milieu du XIVème siècle, une flambée religieuse balaie la Corse avec l’affaire dite des Giovannali. Ce mouvement est le fait de tertiaires franciscains qui se rassemblent aux prêches du frère Giovanni Martini, d’où peut-être leur nom, ou dérivé de l’église dans laquelle ils se réunissaient à leurs débuts : San Giovanni di Carbini. Ce mouvement se rattache à celui des Fraticelli qui, au même moment, se répand en Italie continentale. Les Giovannali prônent la pauvreté primitive de l’Eglise, la fraternité et la solidarité. Ils contestent l’autorité de l’évêque d’Aléria, duquel ils dépendent. Ils dominent rapidement tout l’est de la Corse, sont déclarés hérétiques, et excommuniés par leur évêque. Innocent VI leur enjoint, sans succès, de se soumettre. Urbain V dépêche un légat dans l’île qui, avec le concours des seigneurs locaux, organise une expédition miltaire pour les réduire. Au cours de cette campagne, les Giovannali seront aussi sauvagement et aussi consciencieusement exterminés que les Albigeois.
Le destin tragique de ces «cathares corses» a inspiré plusieurs auteurs. Citons ainsi Heresia, de Jean-Luc DELMON-CASANOVA, qui nous donne à voir les derniers jours de la communauté à travers les yeux d’un jeune homme. En prison à Marseille, il raconte à son geôlier l’histoire de l’ordre fondé par un certain Ristori, ainsi que sa découverte de l’amour. Heresia nous plonge ainsi dans un moyen-âge mystique, aux nuits peuplées de créatures surnaturelles, et où les espoirs d’une communauté bien inoffensive seront réduits à néant par ce qui sera plus tard appelé l’Inquisition.
Le Campanile
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