Dans un magnifique territoire de moyenne et haute montagne, près de la superbe forêt de l'Incudine, Zicavo est un village de grand caractère, étiré sur un versant. On y trouve des maisons anciennes construites dans le granit, aux porches avec clés sculptées.
Autrefois très superstitieux, les habitants de Zicavo craignaient les esprits et autres fantômes sensés hanter les environs à la nuit tombée. Ainsi, les nuits de brouillard, les vampires sortent, de même que les streghe, sorcières se nourrissant du sang des enfants. On raconte aussi l’histoire des accaciatori, fantômes s’attaquant aux voyageurs isolés pour leur fendre le crâne. Les villageois se protégeaient autrefois de ces créatures en gardant une serpette près de leur porte.
L’église paroissiale de l'Assomption, de style néo-classique, possède une toile du XVIIème siècle représentant le mariage mystique de Sainte Catherine. A environs huit kilomètres du village, la chapelle San Pietro, datant du XVIème siècle, est réputée pour être miraculeuse. Sa légende a été rapportée par trois frères de Zicavo, alors qu’une vendetta les opposait à une famille de Sartène. Une nuit, alors qu’ils se cachaient dans la forêt, Saint Pierre leur apparut et les prévint que leurs ennemis étaient proches. Ils se cachèrent, ne furent pas trouvés et rentrèrent chez eux après quelques temps. Saint Pierre leur réapparut de nouveau, et leur ordonna de faire construire une chapelle en remerciement, ce qu’ils firent. Ils purent même se réconcilier avec la famille ennemie. Jusqu’au XIXème siècle, la chapelle était un lieu de pèlerinage très connu dans la région. Après la messe, les bergers avaient coutume de danser et d’organiser des tournois de cavalerie. Un oratoire, dédié à Saint Roch, posséderait une clé miraculeuse qui permettrait de guérir les maladies des bêtes. Les bergers, autrefois, jetaient la clé au milieu du troupeau pour soigner leurs animaux.
On parle beaucoup, dans l’histoire, de l’esprit d’indépendance des villageois. Zicavo résista ainsi pendant un an aux troupes du marquis de Maillebois, qui avait entrepris de pacifier la Corse suite à la convention de Versailles entre Gênes et la France. A Zicavo, l’insurrection partit de l’initiative du curé, qui réussit à rallier les populations de la région. Les franciscains de Sartène rejoignirent la lutte peu de temps après, et ce soulèvement donna du fil à retordre aux troupes françaises. Le couvent de Sartène fut incendié, de nombreux clercs prirent le maquis, et les villageois durent se réfugier dans les montagnes. La situation dura plus d’un an et, lassés, les habitants de Zicavo finirent par se rendre. C’est également un Zicavais, le général Abbatucci, qui refusa de partir en représailles contre le Fium’Orbu en 1774.
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