Ajaccio et sa région

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   La beauté des paysages de la cité impériale au coucher du soleil a été chantée par de nombreux écrivains. On ne sait que très peu de choses de son existence durant l’antiquité, la ville ayant été ravagée par les Sarrasins au Xème siècle. Une légende fait le rapprochement entre le nom de la ville et celui du héros grec Ajax, d’autres soutiennent que le nom dérive du latin ad jucium, désignant un lieu en plein air pour laisser les troupeaux.
La ville d’Ajaccio telle que nous la connaissons a été fondée en 1492 par les génois, et sa citadelle fut bâtie par les français en 1554. Après le traité de Cateau-Cambrésis en 1559, Gênes reprendra la fortification de la ville pour la protéger des barbaresques. Ajaccio se développe à la même époque : elle devient ainsi le siège des institutions ecclésiastiques, est la capitale de l’au-delà des monts en 1723 et restera fidèle à Gênes. Avec l’acquisition de l’île par les français en 1768, Ajaccio deviendra quelques années plus tard le chef-lieu du Liamone. Napoléon y naît en 1769. De nombreuses rues, places et hôtels portent aujourd’hui le nom de l’empereur ou d’un des membres de la famille impériale. Sous son règne, elle deviendra une ville impériale et, en 1811, chef-lieu de la Corse, l’île se composant alors d’un seul département. Elle demeurera chef-lieu du 20ème département jusqu’en 1975, date à laquelle seront créés les départements 2A et 2B. La ville s’est agrandie dans les années 1960, surtout sur les pentes et en direction du littoral. Le tourisme s’y développe dès le XIXème siècle, même si il semble reculer ces dernières années. Aujourd’hui, Ajaccio est également le lieu où siège l’Assemblée Territoriale de la Corse.
 
Ajaccio recèle de nombreux monuments à découvrir, comme par exemple la cathédrale baroque Notre-Dame de la Miséricorde, le musée Fesch, qui présente la collection d’art du cardinal et un certain nombre d’œuvres de grands maîtres italiens, la maison Bonaparte ou encore le musée de la Corse A Bandera. Les proches environs d’Ajaccio sont eux aussi marqués par l’histoire de la famille Bonaparte et de son opposante, la famille Pozzo di Borgo. Les Milelli étaient ainsi la maison de campagne des Bonaparte, dans laquelle se réfugia Letizia Bonaparte la nuit du 25 mai 1793. La famille Pozzo di Borgo, quant à elle, demeurait au château de la Punta, à une dizaine de kilomètres au nord d’Ajaccio. Il fut construit entre 1880 et 1890 avec les pierres du château des Tuileries. Il sera prochainement en restauration, suite à un incendie.


Les Sanguinaires valent à elles seules la visite d’Ajaccio, tant leur contemplation au soleil couchant se révèle une expérience inoubliable. L’origine de leur nom vient de la teinte que les îles prennent lorsque le soleil rend à la mer ses derniers rayons et se reflète sur leurs roches. Les quatre îlots enchanteurs inspirèrent Alphonse Daudet, qui leur dédia une nouvelle dans les Lettres de mon Moulin.

 La Gravona tire son nom du fleuve qui a formé la vallée. Sarrola-Carcopino, comme son nom l’indique, est le village d’où est originaire la famille Carcopino, qui compte parmi elle un écrivain (François Carco) et un spécialiste de l’antiquité romaine (Jérôme Carcopino). La région fut le théâtre d’affrontements entre génois et français, mais aussi entre ses habitants et les partisans de Pasquale Paoli. Ainsi Alphonse d’Ornano, fils de Sampiero Corso, se réfugia dans le village de Cuttoli. Les frères Bonelli, partisans de Paoli, sont originaires quant à eux de Bocognano. Ce village de montagne est situé au milieu d’un décor remarquable : les eaux de ses sources sont réputées pour leur pureté et le glacier de Busso est le site de neiges éternelles le plus vaste de l’île. Le Taravo porte quant à lui le nom de la rivière qui a formé la vallée. Le sommet de cette région est la Punta di a Capella qui culmine à 2044 mètres. Zicavo, patrie de la famille Abbatucci qui s’illustra lors de l’indépendance, est le centre du Taravo. Le village, situé à 700 mètres d’altitude, est également une station de ski. La région est également la patrie de la femme de Sampiero Corso, Vannina d’Ornano, qui mourut étranglée par celui-ci. Un buste à Santa Maria Siché rappelle l’histoire tragique de la femme d’un des héros de l’île. Le Taravo est enfin une terre de légendes, où sont sensés errer de nombreuses créatures et autres revenants. Ainsi, Zicavo serait hanté par des agramanti, dont les femmes se protégeaient en dormant avec une faucille à côté d’elles. Les streghe, quant à elles, sont des sorcières qui s’attaquent aux jeunes enfants.


La région du Prunelli est à la fois formée de hautes montagnes et de collines. Bastelica est la patrie du célèbre Sampiero Corso, qui y naquit en 1498. Ce personnage est une figure emblématique de l’indépendance de la Corse. Il fut un farouche adversaire de Gênes et tenta de solliciter l’aide des ennemis de la ville à travers toute l’Europe. Nommé gouverneur d’Aix en Provence en 1560, il continuera de nuire à l’envahisseur génois, mais sera assassiné quelques années plus tard par ses beaux-frères, qui vengèrent leur sœur tuée par Sampiero. Il est reconnu dans toute la Corse comme un héros et certains voient en ses actions ce qui sera la lutte d’indépendance menée au XVIIIème siècle.


Le Prunelli est un lieu de montagnes, qui compte le Monte Renosu, un des sommets les plus hauts de l’île, à la jointure des cols de Vizzavona et de Verde. Arrivé au sommet, on découvre un panorama immense sur toute la Corse : on peut voir le Monte Cinto, la forêt de Vizzavona, les golfes du Valinco et d’Ajaccio, les monts du Sartenais et la plaine orientale.